Statues dans la ville

23,00 

Un musée à ciel ouvert
en région Centre – Val de Loire

Description

La statuaire publique – art de peupler l’espace public de statues d’hommages à des grands hommes ou d’œuvres purement ornementales – marque nos villes de son empreinte.

Fondé sur l’étude d’inventaire général de 186 monuments et 25 fontaines construits entre 1800 et 1945 sur les places et dans les rues, parcs et jardins des communes de la région Centre, cet ouvrage propose un regard inédit sur ces œuvres et leur contexte, au croisement de l’histoire et de l’histoire de l’art. Il retrace l’évolution de cet art particulier qui s’institutionnalise dans la première moitié du XIXe siècle, frôle la « statuomanie » vers 1900 et change de forme après la Première Guerre mondiale avant de décliner, avec notamment l’envoi à la fonte de nombreuses statues sous l’Occupation.

L’ouvrage met également en lumière leurs auteurs, sculpteurs et architectes, mais aussi leurs commanditaires, et identifie les grands enjeux politiques, sociaux et artistiques de la statuaire publique en région Centre. Des esquisses, maquettes ou encore moulages conservés dans les musées de la région sont présentés dans un catalogue et complètent l’analyse.
Un ouvrage pour découvrir ou redécouvrir tout un peuple de bronze et de marbre sur les places et dans les jardins de ce musée à ciel ouvert qu’offre la région Centre.

Presse

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Auteurs

Inventaire du patrimoine, Région Centre

Texte : Matthieu Chambrion
Photographies : Thierry Cantalupo, François Lauginie

 

Extrait

L’euphorie statuaire : diffusion et compétition (1890-1914)

Construite sur les ruines du Second Empire, la IIIe République connaît une première période de stabilisation du régime peu propice à la statuaire publique. Passée cette phase, elle multiplie les hommages aux grands hommes à Paris comme dans de nombreux départements. On compte en région Centre autant de monuments élevés pendant la période 1890-1914 que depuis le début du xixe
siècle. À partir de la fin des années 1880 et jusqu’en 1914, deux types de monuments sont identifiables : ceux colossaux jusqu’à l’hypertrophie et ceux plus modestes à des gloires locales.

L’hypertrophie des grands hommages : l’apogée du monumental

Le monument à Jeanne d’Arc de Chinon marque sans doute l’aboutissement de la recherche du monumental dans toute la région, en même temps qu’elle illustre ses dérives. La Ville, qui n’avait pas encore marqué dans la pierre le point de départ de l’épopée johannique ligérienne, décide de manifester de manière grandiose son attachement à Jeanne d’Arc, réclamant au ministère la somme minimale de 15 000 francs à titre de subvention75. Henri Deglane, récent lauréat du Prix de Rome d’architecture76, est chargé de l’exécution du socle de près de cinq mètres de haut devant supporter le gigantesque morceau de sculpture de Jules Roulleau, Second Grand Prix de sculpture en 1880.

Le contexte politique est cependant bien différent de celui de la Jeanne d’Arc de Denis Foyatier à Orléans : les rumeurs de manifestation hostile à la République dans les rangs conservateurs se multiplient et le gouvernement hésite même à se faire représenter. La statue est en elle-même un véritable problème. La taille démesurée du bronze exclut son transport par la voie ferrée et le carroyage oblige à défaire puis remettre régulièrement les fils du télégraphe pour la laisser passer sur la route (cf. page 19). La composition assez étrange pour Chinon, puisqu’elle présente Jeanne sur son destrier s’apprêtant à se réceptionner d’un saut sur deux soldats anglais, parmi les décombres d’un siège, n’a pas fait l’unanimité et les caricatures ont souligné l’aspect trop relâché de la cavalière qui semble se laisser porter par les événements. Cette volonté de réalisme se traduit par un mouvement du cheval qui s’inspire en partie de la décomposition photographique du mouvement du cheval par Muybridge et Marey de la fin des années 1880. Sans être à proprement parler un « galop volant » puisqu’il s’agit d’un saut, le mouvement du cheval de Jules Roulleau est toutefois fautif, sans doute pour des raisons techniques de stabilité du bronze : un cheval se réceptionne sur un sabot puis sur l’autre, et non concomitamment.

Sommaire

Avant-propos

Introduction : la fabrique  de la statuaire publique

Splendeurs et misères du grand homme : les âges de la statuaire publique en région Centre

22     L’hommage au grand homme, institution d’un modèle (1800-1890)
37    L’euphorie statuaire : diffusion et compétition (1890-1914)
48    La mémoire au jardin, la fin de l’hommage ? (1918-1940)
54    « La mort et les statues » : les envois à la fonte sous l’Occupation (1941-1945)

Le ciseau et le compas : l’artiste à l’œuvre

64    Les sculpteurs
73    Les architectes

Les enjeux de la statuaire publique en région Centre

84    L’empreinte du commanditaire
90    Les grands hommes honorés
102    La désignation du site

Conclusion : la réinvention de la statuaire ?

121    Annexes
122    Notes
132    La statuaire publique en région Centre (1800-1945) :
    cartes des œuvres étudiées et des œuvres fondues
134    Catalogue des collections liées à la statuaire publique
    des musées de la région Centre
160    Liste des grands hommes et des personnages
    représentés dans la statuaire publique de 1800 à 1945
    en région Centre
164    Sources et bibliographie
170    Index des communes, des artistes et des œuvres

Fiche technique

Parution : Février 2015
Couverture souple à rabats
Format : 21 x 27 cm
176 pages
240 images

Collection Cahiers du patrimoine


Informations complémentaires

Poids 2,1164377169748 kg