La photo-carte
[Épuisé]

Extrait

Durant les années 1860, les images de célébrités de tout genre se multiplient. Chacun les collectionne avec frénésie et les échange. Le prix de la photo-carte d’un anonyme se vend de 1 à 3 francs et celui d’une célébrité peut monter jusqu’à 25 francs. Apparaissent alors dans les albums photo de famille, entre les parents et grands-parents, la photo de l’Empereur Napoléon III (dont Disdéri vend à lui seul plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires), d’un grand musicien, ou d’une comédienne à la mode telle que Sarah Bernhardt ou même le roi de Perse. Il est fréquent de trouver également quelques photographies de Lapons ou d’Indiens.

Ce nouveau support est utilisé comme un véritable outil de propagande par un grand nombre de personnalités en vue à l’époque. Napoléon III, la reine Victoria et le président Lincoln contribuent énormément à ce phénomène. Ils se rendent régulièrement chez les photographes pour faire produire des portraits carte de visite à leur effigie. Donnant ensuite l’autorisation au photographe d’utiliser leur image, ils s’assurent d’une diffusion très importante. Napoléon III comprend très vite l’intérêt qu´il peut tirer de la photo-carte. La grande majorité des portraits photographiques de la famille Impériale (la princesse Eugénie, le prince impérial et Napoléon III), en pied, en buste ou en format carte de visite, sort principalement des ateliers de Mayer & Pierson, de Disdéri et de Levitsky. Après 1866, il n´y a plus que l’atelier de Mayer & Pierson qui officie auprès de la famille royale. Des dizaines de milliers de photos-cartes de Napoléon III furent produites, seul ou en compagnie de sa femme Eugénie, de son fils, de ses frères et sœurs, ainsi que diverses représentations de toute sa famille. Sylvie Aubenas précise qu´« un rapport de A. Gruyer, inspecteur des Beaux-Arts en 1876, estime à 1 373 000 francs la somme dépensée à réaliser des copies de portraits officiels de la famille impériale pour les placer dans les lieux officiels et les diverses administrations. » Le photographe Bingham se voit commander par l’administration des Beaux-Arts 85 épreuves du portrait de sa majesté l’impératrice, épreuves gravées d’après M. Winterhalter, pour la somme de 2 600 francs. Cette production serait aujourd’hui considérée comme un véritable matraquage publicitaire. « Toutes ces épreuves se vendent dans les vitrines des rues les mieux fréquentées de Paris » précise Sylvie Aubenas.