Colombey-les-Deux-Églises

Extrait

À partir de 1970, le village de Colombey-les-Deux-Églises incarne la mémoire de Charles de Gaulle et contribue à l’entretenir. Aussi dès le lendemain des obsèques, le maire Jean Raullet obtient-il le classement au titre des sites de la totalité du territoire des 2 communes de Colombey-les-Deux-Églises et Lavilleneuve-aux-Fresnes. Les paysages fixés dans les Mémoires de Charles de Gaulle sont ainsi préservés. Les pèlerinages, qui débutent au cimetière de Colombey et se poursuivent sur l’esplanade au pied de la croix de Lorraine, vont être étoffés avec la décision prise par la famille dès décembre 1979 d’ouvrir La Boisserie aux visiteurs. Au cours des années 1990, différents projets de musée ont été envisagés à Colombey-les-Deux-Églises. En 1992, l’association Musée Charles de Gaulle voit le jour sur proposition du syndicat d’initiative de Colombey. Elle émet l’idée de construction d’un « musée d’histoire et du souvenir », qui serait installé dans la fromagerie Roethilsberger, située dans l’ancien relais de poste du village. Son objectif principal est de mettre l’accent sur les publics scolaires à travers la création de « classes Charles de Gaulle ». En 1997, le projet d’un historial à but pédagogique et touristique voit le jour mais reste sans lendemain. Il faut attendre le début des années 2000 pour aboutir à un projet aux fondations solides. Désireux de rendre un hommage renouvelé au général de Gaulle, une poignée de membres de la société civile, appuyée par la Fondation Charles de Gaulle et le conseil général de la Haute-Marne va décider en 2004 d’élaborer, après la croix de Lorraine, un nouveau mémorial dédié à la vie et à l’œuvre de Charles de Gaulle. La sémantique est primordiale car il ne s’agit plus du général de Gaulle mais bien du mémorial Charles de Gaulle, englobant ainsi certes les facettes du général et du président de la République qui sont indissociables de sa personne, mais aussi et surtout le jeune Charles, l’élève officier, le père de famille, l’écrivain et le théoricien. L’objectif fixé dès sa conception à cet écrin est de devenir le pivot du parcours de mémoire à Colombey-les-Deux-Églises. Hommes politiques ou simples militants du mouvement se réclamant de la pensée du général prennent l’habitude, dans les années qui suivent sa mort, de venir se recueillir sur sa tombe et s’imprégner des paysages qu’il aimait. Ils sont imités par de nombreux admirateurs anonymes, qui donnent naissance à ce que l’on peut qualifier de pèlerinage laïc, dont on ne trouve pas d’autres exemples dans la France contemporaine. La fréquentation « touristique » annuelle est estimée à 400 000 visiteurs dans les années 1970, avec un moment fort à chaque anniversaire du 9 novembre, qui coïncide, à quelques jours près, avec le jour des morts du culte catholique et avec les cérémonies républicaines du 11 novembre. Cette affluence suscite la création de commerces, de restaurants et d’hôtels, plus récemment de chambres d’hôtes chez l’habitant.

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