Être bibliothécaire

Extrait

Catherine, bibliothécaire territoriale en bibliothèque municipale

« Lundi est mon jour de repos. Nous travaillons du mardi au samedi. Mais cette semaine, le maire a convoqué une réunion d’urgence. La nouvelle loi sur l’école réduit la durée quotidienne de classe. Les communes auront à prendre en charge les élèves après le temps scolaire. Les services municipaux sont nombreux à être concernés. Je me suis donc retrouvée, de 10h à midi, dans la grande salle du conseil, en compagnie de tous les responsables des services enfance, sport et culture. Le maire a demandé à chaque service de faire dans les 10 jours une proposition écrite concernant les activités qu’ils peuvent proposer aux enfants. À midi, je suis ressortie de la mairie pensive. Bien sûr la bibliothèque est concernée. Nous avons l’habitude de ce type d’activités. On propose déjà aux enfants des heures du conte, des initiations à l’informatique, des jeux en réseaux le mercredi. Mais là, nous allons devoir réorganiser ces propositions sur l’ensemble de la semaine, et comme nous ne sommes pas nombreux, il faudra que je veille à équilibrer la charge de travail de chacun. Nous pourrons sans doute profiter de l’aide de quelques animateurs pour mettre en place nos nouvelles propositions, mais rien de plus. Il est inutile de demander des créations de poste en ce moment. Le budget de la ville est trop fragile.”

Anémone, bibliothécaire assistante spécialisée en bibliothèque universitaire

« En quelques années tout a changé. La documentation scientifique (les revues, les résultats de la recherche, les textes des colloques), autrefois imprimée, est aujourd’hui essentiellement publiée sous forme numérique et consultable en ligne. Pas gratuitement bien sûr. Les universités doivent s’abonner à ces bases pour permettre à leurs étudiants, enseignants, chercheurs d’y avoir accès et ça leur coûte très cher. Quelqu’un qui n’a pas été témoin de cela ne peut pas imaginer la mutation que nous avons vécue ! Il y a encore dix ans, j’allais chercher tous les matins notre pile de revues et je les enregistrais une à une dans notre système d’information. On appelle ça bulletiner. J’appliquais sur chacune d’elles le cachet de la bibliothèque, j’inscrivais leur cote sur l’une des pages et je les présentais dans les salles de lecture ou les classais sur les rayonnages. Aujourd’hui on n’a plus que quelques abonnements qui nous arrivent ainsi. Tout le reste nous parvient sous forme électronique et le travail à réaliser pour permettre à nos publics d’y avoir accès est totalement différent.”

Maîtriser un outil ou des techniques

L’exercice technique du métier procure des plaisirs particuliers. La connaissance des sources d’information, le maniement expert des moteurs de recherche ou des bases de données, la capacité à trouver des réponses à des questions laissées en suspens peuvent séduire. Évelyne avoue prendre beaucoup de plaisir à « une recherche d’information souvent difficile à “dénicher” ». Le bibliothécaire devient enquêteur et résout l’énigme à l’aide de ses connaissances. L’apparition des techniques informatiques a totalement transformé le métier de bibliothécaire. Si l’utilisation quotidienne de ces outils reste difficile pour certains, elle déclenche chez d’autres de vraies passions et une forme d’émotion par leur capacité à saisir le monde des connaissances.

Autonomie et créativité

Les bibliothécaires apprécient l’autonomie que leur laisse leur travail. Guy (52 ans), en poste dans une grosse BDP, apprécie de pouvoir s’organiser lui-même : « J’ai l’impression de jouir aussi d’une vraie liberté ». Tout comme Michelle, jeune assistante dans une grande BM : « La médiathèque est très grande et doit faire preuve d’innovation et de modernité donc nous pouvons proposer des animations qui ne se font nulle part ailleurs, ce qui a un effet motivant pour les membres de l’équipe. Nous nous sentons bien dans notre travail car nous pouvons nous épanouir professionnellement et sommes soutenus par la hiérarchie. » Le métier de bibliothécaire est source de satisfaction pour les personnes créatives. Qu’il s’agisse d’inventer de nouveaux services, de réfléchir à une présentation de livres ou de vidéos, de concevoir un document de communication, et bien d’autres choses, c’est un métier dans lequel on invente tout le temps et à tous les niveaux.