L’hôtel de région – Bourgogne

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Description

 

Situé à Dijon, l’hôtel de la région Bourgogne est l’un des premiers hôtels de région construits en France, suite à l’instauration en 1972 des établissements publics régionaux, devenus conseils régionaux.

Édifié entre 1978 et 1980, son histoire est révélatrice de la place donnée à l’architecture contemporaine dans un tissu urbain préexistant. L’évolution des premiers projets de l’architecte Roger-Martin Barade et la demande des services de l’État de concevoir un bâtiment s’harmonisant avec le bâti environnant illustrent à la fois le développement des politiques patrimoniales nationales et un pan de l’histoire urbaine de Dijon, notamment dans le cadre de son secteur sauvegardé.

L’hôtel de la région Bourgogne est également un parfait exemple des goûts et tendances de la décennie 1970. Ce Parcours du Patrimoine permet d’appréhender l’architecture soignée de l’édifice, mais aussi de redécouvrir les créations de trois artistes ayant oeuvré à sa décoration intérieure : Denis Morog pour les panneaux en béton moulé du hall, Pierre Sabatier pour la salle des Assemblées et Michel Boyer pour le mobilier.

Cet ouvrage offre ainsi un regard nouveau sur cette architecture de l’administration, qui a conservé une grande partie de son décor d’origine des années 1970, permettant ainsi de mieux en saisir toute la valeur symbolique et patrimoniale.

Auteurs

Service patrimoine et inventaire – DCPSJ Région Bourgogne
Texte :
Julien Defillon
Photographies :
Pierre-Marie Barbe-Richaud

 

 

Extrait

Le choix de construire

Après la création des EPR en 1972, le conseil général de la Côte-d’Or, avec l’appui de la préfecture, lors de sa séance du 28 juin 1974, acte la construction d’un nouvel immeuble. Ce dernier est destiné à loger, outre les services de la récente institution, ceux du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) ainsi que les agents de la préfecture de région.

Le site choisi, délimité par les rues de Clairvaux, Joseph-Magnin et James-Demontry, est, à cette époque, libre de toute construction. Il s’agit d’un terrain déjà propriété du département, situé dans le voisinage immédiat de ses locaux. Ces données, en plus de sa localisation en centre-ville le long d’un axe routier important, justifient sans doute ce choix. Cet espace était auparavant loti de deux îlots mêlant habitations et entrepôts jouxtant le cellier de Clairvaux (vestige de l’ancienne dépendance de l’abbaye de Clairvaux à Dijon, le cellier est construit au xiiie siècle et classé au titre des Monuments historiques depuis 1915 ; il accueille aujourd’hui des manifestations culturelles). Il est le seul bâtiment encore debout après la démolition de l’ensemble des constructions disparates entre 1967 et 1968.

Depuis, le site servait d’aire de stationnement en plein air. Aussi, afin de pallier la suppression de celle-ci, le conseil général envisage l’ajout au programme d’un parking souterrain qui rentabiliserait en partie le coût de la construction. La commission spéciale créée pour organiser et suivre l’avancement du projet, placée sous l’autorité du préfet de région, invite alors la municipalité de Dijon à y participer. Cette dernière doit notamment donner son accord pour le déclassement des rues, le futur immeuble incluant la création et la disparition de certains tracés. Elle valide le principe d’un parking souterrain, à condition néanmoins qu’il ne soit pas réservé uniquement aux agents territoriaux. Quant au maître d’œuvre, le choix se porte sur Roger-Martin Barade, architecte du département, et son associé François Ruault.

Le hall d’accueil : marquer les esprits

Dès la fin de l’année 1976, R.-M. Barade prend contact avec l’artiste plasticien Denis Morog. En septembre 1977, un décor en « béton architectonique », englobant tout l’espace du hall, est acté. L’ensemble des murs est ainsi recouvert de panneaux en béton moulé dont l’installation s’achève en juin 1980. Les moules en polystyrène sont réalisés par l’artiste, qui les creuse grâce à des modules en métal chauffés, formant une empreinte en négatif. Le béton y est ensuite coulé pour obtenir les panneaux définitifs.

L’ensemble est représentatif de la production de D. Morog, qui cherche, avec cette œuvre, à englober l’intégralité du volume de la pièce. La mezzanine est également recouverte de panneaux, dont l’un porte discrètement la signature du sculpteur.

Bien que chaque panneau soit unique, les formes courbes et circulaires prédominent. La quasi-totalité d’entre eux possède un cercle principal autour et à partir duquel rayonnent différents motifs de dimensions réduites : carrés, flèches, triangles, etc. Ces figures, présentes tant en relief qu’en creux, accentuent les effets d’ombre et de lumière, saturent et animent les murs, obligeant le regard du spectateur à parcourir la totalité de l’espace.

L’œuvre se conçoit comme une alliance entre l’art de la gravure et celui de la sculpture. Du premier, D. Morog capte l’expérience de l’animation d’une surface plane, et du second il utilise la capacité de donner du volume au béton et de le mettre en scène dans l’espace. L’artiste a ainsi offert animation et dynamisme au hall, dont les murs sont devenus une véritable étendue expressive évoquant des sculptures murales sur pierre sans pour autant renier, avec l’usage du béton, la pleine contemporanéité de l’œuvre.

 

Sommaire

  • Introduction
  • Les établissements publics régionaux et les conseils régionaux
  • Genèse de l’hôtel de région
  • Le choix de construire
  • Les premières versions
  • Les premiers hôtels de région
  • Les contraintes patrimoniales
  • Vers le projet définitif ?
  • Roger-Martin Barade (1908-1987)
  • Un chantier colossal
  • Une architecture de compromis
  •  
  • L’architecture intérieure
  • La distribution interne
  • Le hall d’accueil : marquer les esprits
  • Denis Morog et le béton architectonique
  • La salle des assemblées : le cœur du nouveau pouvoir
  • Pierre Sabatier (1925-2003)
  • Les salles des assemblées des hôtels de région : aménager un espace symbolique ?
  • L’aménagement intérieur et le mobilier : la part belle au design
  • Michel Boyer et le mobilier des années 1970
  •  
  • Conclusion
  • Les hôtels de région, quel patrimoine ?
  •  
  • Sources et bibliographie
  • Archives
  • Bibliographie

Fiche technique

Parution : Novembre 2015
Couverture souple à rabats
Format : 11 x 22 cm
56 pages
80 images

Collection Parcours du Patrimoine n°397

Informations complémentaires

Poids 0,33069339327732 kg