Patrimoine industriel de l’Hérault

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Description

 

Les richesses de l’Hérault, département situé entre les contreforts des Cévennes et la mer Méditerranée, ont été précocement exploitées : l’extraction des minerais a débuté au cours de la préhistoire dans le secteur de Cabrières, suivie par celles du charbon à Graissessac, du sel des étangs du littoral, des pierres de taille dont les marbres roses et noirs des Avants-Monts. Si les industries extractives ont fait naître des paysages façonnés par les hommes, certaines activités ont laissé un riche patrimoine bâti dont l’exemple le plus connu était, jusqu’à maintenant, la cité de Villeneuvette. Grâce à l’étude menée par l’Inventaire général du Patrimoine culturel de la Région Languedoc-Roussillon, les témoignages matériels se révèlent bien plus variés ; du logis du marchand-fabricant de draps fins à l’atelier sous sheds des bonneteries cévenoles, du lavoir à laines aux métiers à tricoter circulaires, pour le seul secteur du textile. L’ouvrage présente la diversité des lieux de travail et des activités. Nous retrouvons des filières traditionnelles mais aussi des secteurs moins connus comme les tanneries d’Aniane et de Bédarieux, la distillerie de cade de Claret ou encore la coopérative oléicole de Pignan. Le département compte de nombreux exemples en lien avec la viticulture : distilleries, verreries, usine de matériel vinicole et de matériel ferroviaire. Quelques cas particuliers sont également mis en lumière dont la fonderie de cloches d’Hérépian ou encore la raffinerie de pétrole de Frontignan. L’Image du patrimoine industriel de l’Hérault vous propose de découvrir ce patrimoine fait avant tout de sobriété, de discrétion et de simplicité, témoignages du travail des hommes, de leur esprit d’entreprise comme de leurs savoir-faire toujours présents sur le territoire.

Auteurs

Inventaire du patrimoine, Languedoc-Roussillon

Par Lisa Caliste, Lionel Rodriguez, Jean-Michel Sauget,
Ondine Vieque
Photographes : Martial Couderette, Marc Kérignard,
David Maugendre

Extrait

Avec Palavas-les-Flots, ou encore La Grande-Motte, l’Hérault résonne comme une destination estivale, accueillant les vacanciers dans ses stations balnéaires. Il suffit pourtant de remonter la vallée de l’Hérault sur quarante kilomètres pour découvrir l’agglomération de Villeneuvette, née du travail de la laine. Plus marquante encore, car plus près des parasols et des fronts de mer, fut sans doute l’ancienne cité de Balaruc-les-Usines, devenue Balaruc-les-Bains. L’image actuelle de l’Hérault est le fruit d’une transformation radicale qui suit une désindustrialisation précoce. Depuis la fermeture dès les années 1960 des mines, des salins, des usines textiles et des ateliers ferroviaires, deux générations se sont déjà succédées. Les souvenirs se sont effacés, les machines ont été déplacées ou ferraillées et les usines devenues des friches ont été rasées. La mémoire de l’activité se perd, les traces matérielles s’atténuent : il convenait sans attendre de les comprendre en relation avec leur territoire. C’est que l’Hérault a offert, et offre encore, les potentialités d’un département tourné vers le bassin méditerranéen, situé entre mer et montagnes, caractérisé par une mosaïque de paysages, traversé de réseaux et de flux commerciaux, stimulé et concurrencé par Marseille et Toulouse.

La scierie Vidal (Courniou)

Dans le nord du département, les scieries ont longtemps été mobiles, propriétés le plus souvent d’exploitants forestiers. L’un d’eux, Bertin Vidal, installe une scierie fixe à Saint-Pons-de-Thomières, vers 1950, destinée à la fabrication de planchettes pour la production maraîchère et fruitière qui se développe dans la vallée du Jaur. Son fils, Joël Vidal, fait construire une nouvelle scierie en 1976, sur la commune voisine de Courniou, dans laquelle est transféré le matériel pour la fabrication des planchettes et des palettes. La scierie compte alors plusieurs scies à ruban, du constructeur E. Gillet (c), un châssis multi-lames ainsi qu’un dédoubleur. À partir de 1982, la fabrication de charpentes prend le pas sur ces deux productions qui disparaissent dix ans plus tard.

La zone d’activité Forest (La Salvetat-sur-Agout)

Souhaitant valoriser la ressource forestière locale, la communauté de communes de la Montagne du Haut-Languedoc a initié la création d’une zone d’activité dédiée au bois, installée dans le secteur densément boisé des hauts-plateaux de La Salvetat-sur-Agout. À l’entrée de la zone d’activité, la Maison du Bois et de la Forêt, inaugurée en 2013, accueille des sociétés dédiées aux activités tertiaires en rapport avec la filière bois. Conçue par les agences héraultaises OMLB architecture et Calder, elle est entièrement construite en bois, jusqu’aux cloisons, plafonds et aménagements intérieurs (d). En contrebas, la plate-forme bois-énergie, mise en service en 2010, est gérée par la coopérative forestière Forestarn. Elle collecte, trie et valorise les essences locales, épicéas, pins, « douglas », et quelques feuillus, comme les hêtres, chênes, châtaigniers, peupliers et frênes, en les transformant en plaquettes pour l’alimentation des chaudières, le reste étant vendu à des scieries et à des papeteries.

Fonderie

« Je m’appelle Marie-Anne, je suis la cloche du musée, mon parrain est Jean-Marie Oustry, ma marraine est Laure Gigou, j’ai été fondue le 21 septembre 1997 par la fonderie de cloches et d’art d’Hérépian » (a). Le musée de la cloche et de la sonnaille d’Hérépian, inauguré en 1998, conserve la mémoire de l’activité de la famille Granier et des fondeurs d’Hérépian. La maison Granier, installée dans le hameau des Nières (Saint-Gervais-sur-Mare), a débuté par la fabrication de sonnailles, outils de travail et objets de fierté des éleveurs et des bergers.
Après la Première Guerre mondiale, Joseph Granier se lance dans la fabrication de clochettes et de grelots et fait édifier, au début des années 1920, une fonderie à Castanet-le-Bas.
L’atelier Granier réalise alors plusieurs modèles de clochettes et de grelots, les clochettes étant destinées aux bovins et les grelots aux chiens de chasse. Leur fabrication se fait par moulage au sable. Les moules reproduisent la forme extérieure de la pièce imprimée dans du sable de fonderie, contenu dans des châssis, la forme intérieure étant constituée par des noyaux. Les canaux d’amenée et de répartition du métal en fusion sont façonnés sur le châssis supérieur.
Après la coulée du métal, clochettes ou grelots sont démoulés et les ouvriers procèdent aux diverses
finitions : ébarbage, polissage, décoration au tour et accrochage des battants pour les clarines.
Les procédés de fabrication se modernisent à partir de 1970. La réalisation des châssis, à partir de
plaques modèles (d), se fait ensuite sur une machine pneumatique (e). De même, à partir de 1983, les petites tailles de grelots sont moulées dans une presse à injection, nécessitant toujours de fondre le métal dans un four installé à proximité immédiate de la presse (f). Si les procédés de fabrication des clarines et des grelots ont connu des évolutions, ceux des cloches d’église sont restés les mêmes jusqu’à la dernière coulée en 2005.
L’introduction des cloches dans les productions de la maison Granier a lieu au début des années 1930 avec l’achat de tracés permettant la confection de gabarits, également appelés planches à trousser. Ce sont ces gabarits qui vont donner à la cloche ses caractéristiques, sa note et son poids.

L’usine de construction de matériel
vinicole Péra (Florensac)

Installé depuis 1896 comme constructeur-mécanicien à Florensac, Joseph Péra agrandit son atelier en 1905 par une annexe installée de l’autre côté de la rue de la Métallurgie. Transmise à ses deux fils Joseph et Ambroise, l’usine devient au début du XXe siècle l’Établissement Péra frères. Elle est implantée au coeur du Languedoc viticole et emploie 40 ouvriers spécialisés dans la construction de matériel vinicole. En 1925, le jour de la Saint-Éloi, patron des mécaniciens, l’objectif du photographe capture les employés de Péra présentant leur nouveau pressoir à vis continue (a) (coll. part.). Des représentations du matériel Péra, à l’instar de ce fouloir-pompe à vendange (b) (coll. part.), sont réalisées pour la publication de catalogues publicitaires. À partir de 1935, les frères Péra, devenus ingénieurs constructeurs de la Manufacture de matériel vinicole moderne, produisent en grande partie des pressoirs continus, des fouloirspompes, des presses hydrauliques et participe à plusieurs foires expositions (c) (coll. part.). Des agences et des dépôts assurent la commercialisation en France, dans ses colonies, en Argentine, en Roumanie et en Espagne.

Fiche technique

Parution : Mai 2014
Couverture souple à rabats
Format : 24,3 x 29,7 cm
112 pages
314 images

Collection Images du patrimoine

Informations complémentaires

Poids 1,7857443236975 kg