Voyage vers l´Ouest

Extrait

Parcourir le Xinjiang plus de 70 ans après Ella Maillart et Peter Fleming avait donc pour objectif non pas la trace, non pas la nostalgie d’un temps perdu, mais l´exploration d’un territoire, d’un paysage à soi que chacun, parce qu´il est poète, peintre, écrivain, photographe ou archéologue, découvre à son insu. Encore un carnet de voyage ? Non, ce livre n´est pas un carnet de voyage, mais une œuvre expérimentale de fragments de vie déposés à Pékin, envolés à Urumqi, cahotés par le train jusqu´à Kashgar et dispersés à travers les oasis et le désert du Taklamakan en juin 2008. Une transhumance en quelque sorte d´un genre nouveau. Elle Maillart écrivait : « Courir le monde ne sert qu’a tuer le temps. On revient aussi insatisfait qu´on est parti. Il faut faire quelque chose de plus ». Ce quelque chose est cette œuvre collective. Chaque artiste invite a rendu le vécu de cette expérience sous forme de textes, de croquis, de peintures, de poèmes, de photographies ici présentés. L´implication totale des auteurs les pousse au dévoilement inattendu de leurs sensations les plus secrètes, intimes. Personne n´est revenu indemne de ce voyage. Fragments parce que ruptures. Défi, bonheur, espérance, agacement d´être là mais de n´en jouir que par bribes d´espaces intimes bousculés par la contrainte du groupe et des guides. Aucun des artistes invités n´aurait imaginé participer un jour à un « circuit organisé ». Mais cet élan vers le lointain est un parcours, une errance, une exploration du réel de soi, par ce que les autres, les espaces, les couleurs, les saveurs nous renvoient. Une réalité aux marges des frontières temporelles, terrestres, individuelles, aux confins des barrières linguistiques et désertiques.